Collection Le roman des lieux et destins magiques dirigée par Vladimir Fédorovski
Parution : 23 Janvier 2014
EAN13 : 9782268075815
240 pages, 152 mm x 235 mm
21.00 €
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Le roman du café
Pascal Marmet
Café, qui es-tu ? Drogue, business, médicament, plaisir, carburant, poison, ou un ami qui nous veut du bien ?
Suite à l’évènement Nespresso et au célèbre What Else de monsieur George Clooney, la planète redécouvre le café avec envie, presque que comme un caprice. Pour donner le change à cet engouement, les grandes marques comme Illy ou Malongo se sont jetées dans la bataille, et chaque mois, des cafés de quartier spécialisés redonnent les codes de ce breuvage pas comme les autres. Aujourd’hui, deux tiers de la population mondiale se régalent au moins d’un café dans la journée. Certains sont devenus café addict et notre siècle n’envisage plus un monde sans le petit noir.
Mais qui le connait, vraiment ? Comment a-t-il débarqué dans notre quotidien, comment a-t-il traversé notre histoire, comment évolue-t-il au 21e siècle ? Comment le buvez-vous ?
Dans les coulisses des légendes illustrant le grain sombre, au coeur d'un colossal commerce voué à l'écologie pour durer, ce récit romanesque se déguste à travers l'amitié d'un jeune aveugle passionné de cafés et de son extravagante amie d'enfance.
Du Brésil au Costa Rica, du Vietnam à la Côte d'Ivoire, rien n'échape aux regards croisés d'un torréfacteur écoresponsable et d'une pimpante journaliste.
L'essor de cet or bruen est une véritable épopée gorgée de rebondissements, de faits d'armes parfois, plus souvent de passions partagées pour le divin breuvage, une histoire liée à l'esclavage, et tout somplement, à l'humanité. Après la lecture de ces pages qui n'épargnent ni les consommateurs, ni les industriels, vous serez peut-être enclin à changer radicalement vos habitudes de café.
Attention ! Ce livre provoque une irrésistible envie de se précipiter chez un torréfacteur pour y déguster un p'tit noir d'excellence.
Trailer Vidéo
Extrait du livre
J'ai du mal à comprendre.
Bonjour, je m'appelle Julien. J'ai vingt ans, ma seule fortune.
Sur ce trottoir étroit et incertain, j'avance parmi des ombres, qui ne sont que des ombres entre les ombres.
Je ne peux réprimer ce désagréable sentiment d'être dévisagé, refoulé, jugé par ceux qui voient.
Que vais-je devenir ?
Pourtant, tout semblait tracé, comme prédit dans le marc de café. Je me trompais, le chemin engagé par l'avenir n'était pas l'avenir. Avant, tout allait bien pour moi. Avant.
Je me contentais d'un café toutes les deux heures, et pour atteindre l'Everest en moins d'un battement de coeur, je suçotais des grains de café fraîchement torréfiés.
J'adore rassasier ma langue sur sa petite fente râpeuse. Lorsque je l'éclate sous mes molaires, le craquement amer de la fève me met à l'extase. L'arôme délicieux qui s'ensuit en bouche me rend dingo, presque fébrile.
La jouissance enfantée par ce poison dévale dans mon ventre, file entre mes doigts, pénètre mes orteils, puis mon sang frémit au court-bouillon.
A chaque prise, j'en ai la chair de poule.
Rien n'est comparable à cette sensation de fiel et de douceur à la fois. Rien. Mon plaisir solitaire s'articulait exclusivement dans un désir de café.
Désormais, pour parvenir à cet état de transe, je devais accroître mes doses de caféine.
La semaine dernière, une cliente dentiste s'est étonnée de la couleur havane de mes dents. Lorsqu'elle m'a offert de les blanchir, j'ai refusé de pointer dans ce monde aux canines incolores.
A quoi me servirait un sourire parfaitement normalisé ?
À rien. Et pourquoi je n'ai que ce «rien» vissé entre les lèvres ? Parce que depuis ce matin, rien n'est pareil. Rien.
Ces petits riens qui se court-circuitent sur ma langue commencent à m'énerver.
En fait, mon rien à moi est tellement énorme que je devrais dire mon, mon... Je vais trouver le mot juste, donnez-moi le temps de me remettre de l'incroyable événement qui vient écraser ma vie.
Voilà ! J'y suis. Mon rien à moi, c'est comme si j'étais coincé dans les plis du vent, que le ciel avait des couleurs, le café plus d'arômes, les fleurs plus d'odeurs. Comme si.
Et je n'ai pas vu venir cette première ride d'angoisse qui s'est flanquée entre mes deux sourcils.
Comment, en l'espace de quelques secondes, tout peut-il chavirer aussi décisivement ? J'imaginais encore moins que ce naufrage me sauverait.
J'avais cruellement manqué d'imagination.
J'apprenais que le temps était une mortelle morsure, qu'il y avait il était une fois, un autrefois d'antan, des avant jadis, et que tout recommençait là, maintenant, sans cesse instantanément, et autrement.
Pour prendre cet angoissant tournant sans sombrer, il aurait fallu avoir cinquante ans à vingt ans. Et à vingt ans, j'étais juste un môme qui savait tout sur l'or brun.
»Télécharger les 20 premières pages du livre Le roman du café de Pascal Marmet au format PDF.
Photographies issues du cahier central du livre Le roman du café de Pascal Marmet.
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Pascal Marmet
Pascal Marmet est écrivain, romancier, chroniqueur radio, organisateur de rencontres littéraires. Il est l'auteur de A la folie, Si tu savais... (France-Empire) et du Roman du parfum aux éditions du Rocher
Pour plus d'informations, rendez-vous sur www.pascalmarmet.com